février 13, 2010

Un vent de hype dans l’nord : The xx (sans These New Puritans) au Grand Mix de Tourcoing (11/02/2010)

Posted in concert, Musique tagged , , , , , , , à 12:47 par chucky333

Il est 19h45, les portes du Grand Mix de Tourcoing ne sont pas encore ouvertes mais une petite file longe déjà les murs et attend patiemment dans le froid. Ce soir c’est complet : on joue à guichets fermés. Toutes les places se sont vendues il y a déjà quelques temps. Il faut dire que, ce soir, l’affiche est attendue et entendue : The xx. Le groupe londonien révélé en 2009 s’illustra dans la plupart des charts alternatifs pour parvenir en quelques mois à se faire un nom dans la « hype » musicale et se faire connaître par un public plus large. Des petits pubs londoniens, les voilà jouant tous les soirs dans des salles à chaque fois complètes. Pour leur tournée européenne, la première partie sera assurée par « These New Puritans », groupe un brin plus expérimenté pourtant et surtout auteur d’un récent et génialissime album « Hidden ».

20h, les portes s’ouvrent et la première surprise amène la déception : le groupe « These New Puritans » ne pourra pas assurer la première partie, ne pouvant pas franchir l’ « euro-tunnel », perturbé par les mauvaises conditions météorologiques. Qui les remplacera ? Malheureusement personne, le temps fut trop court pour les organisateurs. The xx assurera seul la soirée, et il faudra donc être patient.

Les premières notes de l’intro de l’album arrivent et réconfortent tout de suite. La scène s’illumine, cachée derrière un, grand drap blanc. Nous sommes face à des ombres mouvantes et mystifiées par des jeux de lumières tournoyants. Le groupe ne se compose plus que de 3 membres, après le départ de l’un des leurs pour maladie. L’ombre de Jamie Smith s’excite sur sa boîte à rythme tandis que Romy Madley Croft et Oliver Sim gardent leur calme respectivement à la guitare et à la basse. « Crystalised » fera tomber le rideau et enflammera le public définitivement réconcilié avec sa soirée. The xx envoûte le Grand Mix de Tourcoing, survole la salle d’une pop lancinante, térébrante, presque flippante. Il est vrai que les jeunes musiciens, derrière leur flegme britannique, ont l’air de sortir tout droit d’une arrière salle de café londonien d’un quartier mal famé, finissant leur nuit, camé et torturés par leur tourments juvéniles.

Le concert se poursuit au rythme de l’album, sur la même lignée avec l’énergie nécessaire pour réveiller de temps à autre le public. Seule la cover «Dou You Mind ? » de Kyla  viendra changer ce que l’on connaît de The xx même si ce morceau au final leur colle tellement à la peau qu’il semble être une de leur composition. Leur musique se révèle au grand jour sur scène : les voix des deux chanteurs subliment complètement la salle, les passages a capella nous laissent complètement aphones, les percussions font trembler les murs et nous remuent de l’intérieur. Ce sont des histoires que ces jeunes anglais viennent nous conter, des amours déchirés, des préoccupations sans réponses mais surtout deux voix majestueuses pour les chanter.  Seulement, au final, leurs morceaux se révèlent sur scène très ressemblants les uns des autres, la guitare semblant garder du début à la fin du concert le même rythme et quelques notes similaires.

« Basic Spaces »  se démarque tout de même, grandiose, prolongé de solos étourdissants et amenant déjà à la fin du concert sur « The Stars » en apothéose lorsqu’Oliver lâche sa basse pour littéralement se défouler sur une cymbale au son strident de la guitare et une accélération voltigeuse de la boîte à rythme. La salle jubile et savoure mais se retrouve aussitôt dans le noir. Voilà la fin après à peine une heure de concert, le rappel ne nous laissant qu’une chanson, reprise de « The Stars ». Le groupe ne se montrera plus malgré les acclamations d’un public sur sa fin. Et pour cause, sans première partie le concert s’achève alors que la température commençait à peine à monter. Partagés entre la déception et l’envoûtement de quelques airs qui sifflent encore dans nos oreilles, nous ne pouvons que rentrer chez nous avec encore trop d’appétit à la bouche et une petite question en tête : qu’aurait fait « These New Puritans » ?

décembre 16, 2009

TOP 20 des albums de 2009 : dernière partie, de 5 à 1.

Posted in Musique tagged , , , , , , , , , , , , , , , , à 12:58 par chucky333

5. Megafaun – Gather, Form & Fly (Hometapes)

Le groupe Megafaun a bien plus que son nom d’original : sa musique est tout autant fantaisiste. Imaginez donc, 3 hommes bien portants et bien poilus tout droit venus de la Caroline du Nord. Imaginez-les ensuite montant un groupe de folk dans la pure tradition américaine.  Le cliché est parfait.

Mais bien au-delà, on remarque que dans l’album de ces trois zigotos (Gather, Form & Fly), l’ambiance est bien plus originale. Passant de la country la plus fondamentaliste à l’expérimental atmosphérique sans peine, le trio surprend par cette ligne de fond étonannte qui traverse tout l’album et qui nous traverse de fond en comble. On succombe. Megafaun parvient à nous faire voyager dans des univers imprévisibles, faisant tomber la pluie après une danse que nous pouvons presque percevoir, appelant les ancêtres d’une forêt hantée, faisant crisser des cordes magiques. L’atmosphère de Gather Form & Fly touche à l’essentiel : l’aventure et l’évasion.

(Chronique reprise d’une précédente : https://chucky333.wordpress.com/2009/11/18/megafaun-gather-form-fly-tombe-la-pluie-tombe/ )

4. Animal Collective – Merriweather Post Pavilion (Domino)

Le dernier album de Animal Collective, sorti en début d’année, fut déjà annoncé des mois à l’avance et créa cette sorte d’attente parfois à la limite du ridicule et qui se finit le plus souvent par de terribles déceptions. Ce ne fut pas le cas. « Merriweather Post Pavilion » est un peu l’aboutissement du groupe, l’étendard de tout ce qui a été accompli, comme un grand panier dans lequel il a été inséré tout ce que le groupe avait pu trouver sur sa route.

Cette route n’a rien de commun, n’a rien de terrestre ou d’humain. Le son d’Animal Collective semble parfois extraterrestre ou amphibie. Un voyage au milieu de bulles aquatiques et électriques vers une cité d’animaux étranges aux voix tant gémissantes qu’entraînantes : les sirènes d’Ulysse. Le titre « My Girls », extrait de cet opus, résume à lui seul tout ceci par sa puissance auditive faite de synth-pop, de chœurs d’échos et de percussions assourdissantes.  Là où Animal Collective semble, pour certaines personnes, inaudible et dissonant, « Merriweather Post Pavilion » retentit pour les autres comme un chef-d’œuvre de la musique de cette fin de décennie.

3. The Antlers – Hospice (Frenchkiss)

Alors que jusqu’ici on a énormément parlé de voyages, d’évasion, de danses de la pluie, d’animaux féériques, … voici l’antithèse. Disons le tout de suite, « Hospice » est un album à faire chialer. The Antlers a ce don de briller dans les ténèbres de l’accablement et du désespoir. Peter Silberman, chanteur et fondateur du groupe, va jusqu’à poser ses lèvres à même le micro lorsqu’il murmure pour que, de fait, chacune des syllabes se fasse entendre comme dans le creux de l’oreille. Mais qu’on ne s’y trompe pas, « Hospice » n’a rien de tendre et doux. Car si l’on entre dans l’album sur une mélodie au piano et une voix mielleuse, les percussions et la guitare ont vite fait d’exploser tout ça à coups de sons saturés et chaotiques et de la voix de Peter Silberman qui éclos, papillon magique d’une chenille noire. Ce à quoi se joignent de temps à autres banjo et trompette dans un requiem ahurissant.

« Hospice » est un long tunnel au bout duquel la lumière est aveuglante, à l’instar de certains titres bien moins mélancolique mais tout aussi jouissifs qui amènent à un « Epilogue » plein d’espoir et de splendeur.

2. Fever  Ray – Fever Ray (Rabid)

Les mots manquent à l’appel face à cette étrange réalisation. Que se passe t-il donc dans la tête de la Suédoise Karin Dreijer Andersson (The Knife) pour nous assourdir d’aussi ténébreuses compositions ?

Et pourtant, l’envoûtement est total, la drogue vous prend par les oreilles et vous entraîne dans d’incroyables hallucinations auditives. « Fever Ray » évoque d’anciens comptes africains, des sonorités noires, des effluves d’une Asie ancienne et disparue. C’est un mélange troublant, une alchimie de cendres qui a l’odeur du givre, des nuits terrifiantes. Dieu, qu’il fait froid, quand est-ce que la pluie s’arrêtera ? Les frissons perdurent, les ténèbres vous enveloppent et vous restez scotchés face à cette musique inqualifiable tant elle trouble par son caractère tribal, son animosité, ses cérémonies mortuaires, ses évocations cauchemardesques.

Fever Ray a certes de quoi rendre perplexe, mais a surtout de quoi marquer les esprits par une œuvre éblouissante.

(Chronique reprise en grosse partie d’une précédente : https://chucky333.wordpress.com/2009/11/28/fever-ray-un-glacier-cauchemardesque/ )

1. The xx – Self-titled (Young Turks)

On pourrait penser que la première place de ce type de classement est la plus facile à attribuer. Celle qui revient à l’album le plus écouté durant l’année, celui qui n’a jamais été supprimé du lecteur mp3, celui qui se réécoute encore tous les jours sans jamais lasser. Mais en fait, non, c’est bien plus complexe que ça. The xx a failli ne pas se retrouver à cette place à cause surtout de la « hype facile » dont il fait preuve. Cependant, au final, aucuns autres albums ne semblaient pouvoir lui ravir cette première place.

Au-delà des controverses donc quant à cet album, The xx a su développer un son qui leur est propre d’une incroyable lenteur,  d’un tempo torturé, d’une musicalité des plus minimalistes et pourtant des plus hypnotiques. Ce groupe londonien formé de quatre de jeunots d’une vingtaine d’années a pondu avec le premier album un petit ovni. On appelle ça de la « pop atmosphérique » mais entre nous, on peut l’avouer, ça ne veut rien dire. The xx est indéfinissable et commence déjà à conquérir l’Europe par sa bande son étrange et surprenante. Ce qui est sûr, c’est que j’ai également craqué. Et je dis ça fièrement, mes places de concerts sous les yeux faisant fi de ce que l’on peut en dire.

(Chronique inspirée d’une précédente  : https://chucky333.wordpress.com/2009/11/15/the-xx-lhypnotique-jeunesse-londonienne/ )

Epilogue

Après ces quelques semaines de déboires musicales, quel intérêt au fond à un TOP 20 ? Parce qu’au final si je devais le refaire aujourd’hui ce classement, il n’aurait déjà plus tout à fait la même forme. Cela dépend des humeurs, du contingent (hum…). Mais puisque tout n’est qu’éphémère, ce classement le sera. Qui sait s’il s’étendra dans le (votre) temps par je l’espère, des découvertes fortuites, des écoutes marquantes. À l’année prochaine ?

Mentions honorables :

Oui, parce que, tout de même… (dans un ordre aléatoire)

– The Dead Weather : Horehound

– Bat For Lashes : Two Suns

– The Very Best : Warm Heart Of Africa

– Dead Man’s Bones : Dead Man’s Bones

– Yacht : See Mystery Lights

– Sunset Rubdown : Dragonslayer

– Real Estate : Real Estate

– Wild Beasts – Two Dancers

– Andrew Bird : Noble Beast

– St. Vincent : Actor

– Rodrigo Y Gabriela : 11-11

– Why : Eskimo Snow

– Tom Waits – Glitter And Doom (Live)

– The Flaming Lips : Embryonic

– Oxmo Puccino – L’arme de paix

– … (J’en oublie sûrement).

novembre 15, 2009

The xx : l’hypnotique jeunesse londonienne

Posted in Musique tagged , , , , , , , , , à 12:22 par chucky333

D’une incroyable lenteur ce petit ovni, d’un tempo torturé, d’une musicalité des plus minimalistes et pourtant des plus hypnotiques, c’est ce que nous ramène d’une autre planète le groupe « The xx », quatuor de jeunots londonien d’une vingtaine d’années. On les imagine dans la tendance, dans la « vibe » comme qui dirait. Mais en fait, ce qu’ils font n’a rien à voir avec ce qu’on a déjà pu entendre. Non, non, pas d’influences mgmtienne, même pas. On appelle ça de la « pop atmosphérique » mais entre nous, on peut l’avouer, ça ne veut rien dire.

Ce qui est sûr, c’est qu’ils font un carton, que l’on classe déjà leur album (Selftitled) comme un des meilleurs de 2009, et le groupe comme la révélation de l’année (oui là on a le droit de penser à MGMT pour 2008). Ce qui est également sûr c’est que l’on n’a pas fini de se faire hypnotiser par cette bande-son étrange et surprenante.