Mai 13, 2010

Freaky Folk : le grand « The Tallest Man On The Earth »

Posted in Musique tagged , , , , , à 3:49 par chucky333

Il y a chez Jens Kristian Mattson –alias The Tallest Man On The Earth- quelque chose de très perturbant d’assez dylanesque. D’abord parce que je déteste les comparaisons (surtout avec Bob Dylan) mais aussi parce que cela n’est probablement pas voulu. Pourtant accompagné pour seules amies d’une guitare et d’une voix nasillarde quelque peu assaillante, The Tallest Man On The Earth –comme son nom de scène un peu étrange le dit- est un grand monsieur.

« The Wild Hunt », son deuxième album après “Sallow Grave”, vient une nouvelle fois prouver l’incroyable talent de ce suédois. Une véritable baignade en eau glacée des contrées du nord : un peu difficile lors de la première immersion, mais tellement revivifiant.  Cette manière folle de raconter des histoires d’une voix tantôt douce, tantôt criarde n’est pas sans faire penser à Joanna Newsom, elle aussi auteur d’un magnifique album sorti cette année (« Have One On me »). Beaucoup restent de glace devant ces phénomènes de folk légèrement étranges. Pour les autres TheTallest Man On The Earth possède la recette simple pour réchauffer les cœurs. Ah, ces gars du nord…

avril 22, 2010

Leçon de lévitation de Gonjasufi : « A Sufi And A Killer »

Posted in Uncategorized tagged , , , , , , à 8:42 par chucky333

Soyons clairs dès le début : la drogue c’est mal. Mais lorsqu’il s’agit de musique, la drogue auditive peut s’avérer des plus convenables… Gonjasufi, un grand black aux longues dreads et petites pupilles semble exceller dans cet art. Son pseudo lui-même mélange ses 2 pratiques les plus courantes : la ganja et le sufi, sorte de mysticisme ascétique de l’islam.

Mais ce qui nous intéresse ici c’est son premier et nouvel album : « A Sufi And A Killer » et dont la consommation est 100% légale bien que créant une légère dépendance.

Mélange hallucinatoire de hip-hop, soul et d’électro, la musique de Gonjasufi  est  distillée à travers sont goût du mystique dans des compositions faussement brouillonnes. Ces morceaux très courts et intenses forment un patchwork expérimental assez peu commun dont les influences diverses restent tout aussi étranges. En arrivant à garder une aura assez spirituelle,  « A Sufi and A Killer » est bidouillé et torturé dans tous les sens. Ces sortes de mantras cosmiques incitent à un voyage mental plutôt diversifié et inconnu dans lequel on se plonge rassurés par la voix de ce gourou hors du commun. Une réelle drogue douce auditive. Et celle-là, vous pouvez consommer.

avril 15, 2010

Petite sélection musicale made in 2010

Posted in Musique tagged , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , à 9:54 par chucky333

Une fois n’est pas coutume, pas de critiques, pas de commentaires, juste une petite sélection de ce qui s’est fait de meilleur jusqu’à maintenant (selon mon humble avis évidemment) en matière de musique depuis le début de cette année. Cette liste non exhaustive se veut des plus éclectiques et se garnit même de quelques inédits (qui ne resteront peut-être pas longtemps sur youtube mais  après tout, le bonheur est éphémère). En espérant que vous y trouviez de quoi satisfaire vos petites oreilles, visez un peu :

Beach House – Zebra :

http://www.youtube.com/watch?v=VbGMTL-6AH0

The Morning Benders – Excuses :

http://www.youtube.com/watch?v=aeE82XyNkyM

LCD Soundsystem – Dance Yrself Clean :

http://www.youtube.com/watch?v=x2Nt7P8vCzQ

Flying Lotus feat. Thom Yorke – …And The World Laughs With You :

http://www.youtube.com/watch?v=rtG201aYz3w

Gil Scott-Heron – New York is Killing Me :

http://www.youtube.com/watch?v=WiuorrXsngM

Local Natives – Airplanes :

http://www.youtube.com/watch?v=QuljnrCfBNw

The Besnard Lakes – Like The Ocean, Like The Innocent

http://www.youtube.com/watch?v=Ify-buS9JUU

Pantha du Prince – Stick To My Side :

http://www.youtube.com/watch?v=hYp91WftFqQ

Massive Attack – Paradise Circus :

http://www.youtube.com/watch?v=VAXaZQbym94

Joanna Newsom – Baby Birch :

http://www.youtube.com/watch?v=JfeALEPjN80

Laura Marling – Devil’s Spoke :

http://www.youtube.com/watch?v=EZxqBXax6Aw

mars 22, 2010

Une soirée folk au Grand Mix de Tourcoing : Noah & The Whale et Roken is Dodelijk (20/03/10)

Posted in concert, Musique tagged , , , , , , , à 12:55 par chucky333

Presque symboliquement, les jeunes anglais de Noah & The Whale envahissaient le Grand Mix de Tourcoing avec leur dernier album « The First Days Of Spring », le 20 mars –eh oui, premier jour du printemps, ou presque. Mais le groupe folk originaire de Londres ne venait pas seul, sur l’affiche on pouvait également lire Roken Is Dodelijk.

Des Flamands ? Des Hollandais ? Des Belges ? Pas vraiment. En réalité, le groupe Roken is Dodelijk -« fumer tue » pour les non néerlandophones- s’est formé en 2006 à Lilles. Et pour brouiller encore un peu plus les pistes, ces gars (et une demoiselle, tout de même) du Nord chantent dans un parfait anglais avec le style et la carrure d’une formation britannique. Encore peu connu hors de leurs contrées, les jeunes lillois ont su pourtant éveiller l’attention d’un public tout acquis à la cause du folk émerveillant de Noah & The Whale. Il faut dire que l’on se situe plus ou moins dans la même tradition musicale, folk, instrumental, orchestral et surtout imprégné d’un leadeur a la voix envoûtante. Roken is Dodelijk a déployé dans cette salle du Grand Mix des chansons toute rôdées pour  la scène, théâtrales et arrangées. Fonzie, leadeur de cette formation, prend des allures d’acteur de théâtre, d’un magicien même, dans son veston-cravate. Charismatique et drôle, le bonhomme sait tenir son public près de lui par sa voix magistrale et ses feintises bienveillantes. Il sait aussi mener son groupe vers les sommets, dans des instrumentalisations grimpantes mais aussi des mélodies plus féériques. Parfois, on sent une légère impression d’Arcade Fire qui pointe le bout de son nez, sans nul doute que le groupe montréalais fait partie des références musicales de ces jeunes lillois plein d’avenir. C’est tout ce qu’on leur souhaite.

Viens donc le tour, très attendu, de Noah & The Whale. La chevelure bouclée d’un jeunot, sosie de Mika (dans un tout autre style, admettons-le) s’avance un peu timide suivi du groupe. On le sait, la présence féminine a disparue de la formation depuis le deuxième album évoquant justement la rupture de Laura Marling avec le leadeur (oui, le bouclé), Charlie Fink. Louvoyant entre le premier (« Peaceful, The World Lays Me Down ») et le deuxième album (« The First Days Of Spring »), les morceaux ont été arrangés en conséquence, bien plus électriques, se contentant de guitares, basse, piano, batterie et d’un violon. Dans un premier temps la voix magique de Charlie Fink s’avère moins prenante que dans les studios, mais ce n’est en réalité qu’une question de temps. Le groupe décolle peu à peu avec un « Jocasta » méconnaissable, un « Give a Little Love » qui fait se retrousser quelques poils et surtout « 5 Years Time », morceau sans conteste le plus attendu. On remarque d’ailleurs que ce sont ces morceaux du premier album qui font le plus mouche, les arrangements semblent plus travaillés. L’expérience déjà sans doute. Car beaucoup de titres s’achèvent brusquement, un peu à la va-vite à l’image du concert. Noah & The Whale sera resté 40 minutes sur scène en tout et pour tout, nous laissant juste, le temps d’un rappel, un titre exclusif (qui devrait sûrement s’intituler 1999 si l’on en croit la répétition multiple de cette date dans les paroles). On en veut plus, on en redemande, mais si on nous écoutait on pourrait y rester la nuit. Tandis que Charlie et sa bande ne pointeront plus le bout de leur nez, si ce n’est pas leurs mélodies enivrantes  et leurs paroles pastorales dans nos petites têtes émerveillées.

mars 15, 2010

Gorillaz – Plastic Beach

Posted in Musique tagged , , , , , à 4:29 par chucky333

Cela fait certainement plus de deux ans qu’on les attendait, les quatre membres farfelus du groupe Gorillaz, projet musical animé développé par Damon Albarn et Jamie Hewlett. Peut-être même plus de deux ans puisque ce 3ème projet musical d’un des groupes les plus révolutionnaires du 3ème millénaire fut initié en 2007 selon ses créateurs. Un projet dont, petit à petit, nous avons appris quelques bribes telles que la brochette de collaboration qui l’accompagnait : Mos Def, Lou Reed, De La Soul, Snoop Dog, Mick Jones, … pour ne citer qu’eux. « Plastic Beach » devenait alors l’objet de toutes les attentes.

Très certainement cette attente joua et jouera de mauvais tours au groupe virtuel puisque à première écoute, l’album « Plastic Beach » est décevant à plus d’un titre et ne ressemble en rien à ses deux premiers condisciples. Pas de véritable ligne de conduite pour ces 60 minutes de « fourre-tout », pas vraiment non plus de titres phares comme pouvait l’être « Clint Eastwood » ou « Feel Good Inc. ». C’est d’ailleurs le titre « Stylo » (en collaboration avec Bobby Womack et Mos Def) qui fait l’objet du premier single, premier titre dévoilé, un des plus mauvais morceaux sûrement de l’album dont seul le clip déjanté avec la présence de Bruce Willis arrive à lui extirper cette étiquette.

Néanmoins, on ne demande pas à Gorillaz de la redondance et cette nouveauté est synonyme de fraîcheur sur ce dernier opus. Après plusieurs écoutes, certains titres rendent cet album intéressant en plusieurs points, quelques collaborations s’avèrent magistrales et les compositions de Gorillaz toujours aussi sophistiquées. Pop, hip-hop, dubstep ou electro ? Gorillaz aime brouiller les pistes et surprendre. Un  Lou Reed auto-caricaturé (« Some Kind Of Nature »), un National Orchestra of Arabic Music symphoniquement rap (« White Flag »), un De La Soul survolté (« Superfast Jellyfish ») font de quelques titres des perles échouées sur une plage de plastique.

décembre 16, 2009

TOP 20 des albums de 2009 : dernière partie, de 5 à 1.

Posted in Musique tagged , , , , , , , , , , , , , , , , à 12:58 par chucky333

5. Megafaun – Gather, Form & Fly (Hometapes)

Le groupe Megafaun a bien plus que son nom d’original : sa musique est tout autant fantaisiste. Imaginez donc, 3 hommes bien portants et bien poilus tout droit venus de la Caroline du Nord. Imaginez-les ensuite montant un groupe de folk dans la pure tradition américaine.  Le cliché est parfait.

Mais bien au-delà, on remarque que dans l’album de ces trois zigotos (Gather, Form & Fly), l’ambiance est bien plus originale. Passant de la country la plus fondamentaliste à l’expérimental atmosphérique sans peine, le trio surprend par cette ligne de fond étonannte qui traverse tout l’album et qui nous traverse de fond en comble. On succombe. Megafaun parvient à nous faire voyager dans des univers imprévisibles, faisant tomber la pluie après une danse que nous pouvons presque percevoir, appelant les ancêtres d’une forêt hantée, faisant crisser des cordes magiques. L’atmosphère de Gather Form & Fly touche à l’essentiel : l’aventure et l’évasion.

(Chronique reprise d’une précédente : https://chucky333.wordpress.com/2009/11/18/megafaun-gather-form-fly-tombe-la-pluie-tombe/ )

4. Animal Collective – Merriweather Post Pavilion (Domino)

Le dernier album de Animal Collective, sorti en début d’année, fut déjà annoncé des mois à l’avance et créa cette sorte d’attente parfois à la limite du ridicule et qui se finit le plus souvent par de terribles déceptions. Ce ne fut pas le cas. « Merriweather Post Pavilion » est un peu l’aboutissement du groupe, l’étendard de tout ce qui a été accompli, comme un grand panier dans lequel il a été inséré tout ce que le groupe avait pu trouver sur sa route.

Cette route n’a rien de commun, n’a rien de terrestre ou d’humain. Le son d’Animal Collective semble parfois extraterrestre ou amphibie. Un voyage au milieu de bulles aquatiques et électriques vers une cité d’animaux étranges aux voix tant gémissantes qu’entraînantes : les sirènes d’Ulysse. Le titre « My Girls », extrait de cet opus, résume à lui seul tout ceci par sa puissance auditive faite de synth-pop, de chœurs d’échos et de percussions assourdissantes.  Là où Animal Collective semble, pour certaines personnes, inaudible et dissonant, « Merriweather Post Pavilion » retentit pour les autres comme un chef-d’œuvre de la musique de cette fin de décennie.

3. The Antlers – Hospice (Frenchkiss)

Alors que jusqu’ici on a énormément parlé de voyages, d’évasion, de danses de la pluie, d’animaux féériques, … voici l’antithèse. Disons le tout de suite, « Hospice » est un album à faire chialer. The Antlers a ce don de briller dans les ténèbres de l’accablement et du désespoir. Peter Silberman, chanteur et fondateur du groupe, va jusqu’à poser ses lèvres à même le micro lorsqu’il murmure pour que, de fait, chacune des syllabes se fasse entendre comme dans le creux de l’oreille. Mais qu’on ne s’y trompe pas, « Hospice » n’a rien de tendre et doux. Car si l’on entre dans l’album sur une mélodie au piano et une voix mielleuse, les percussions et la guitare ont vite fait d’exploser tout ça à coups de sons saturés et chaotiques et de la voix de Peter Silberman qui éclos, papillon magique d’une chenille noire. Ce à quoi se joignent de temps à autres banjo et trompette dans un requiem ahurissant.

« Hospice » est un long tunnel au bout duquel la lumière est aveuglante, à l’instar de certains titres bien moins mélancolique mais tout aussi jouissifs qui amènent à un « Epilogue » plein d’espoir et de splendeur.

2. Fever  Ray – Fever Ray (Rabid)

Les mots manquent à l’appel face à cette étrange réalisation. Que se passe t-il donc dans la tête de la Suédoise Karin Dreijer Andersson (The Knife) pour nous assourdir d’aussi ténébreuses compositions ?

Et pourtant, l’envoûtement est total, la drogue vous prend par les oreilles et vous entraîne dans d’incroyables hallucinations auditives. « Fever Ray » évoque d’anciens comptes africains, des sonorités noires, des effluves d’une Asie ancienne et disparue. C’est un mélange troublant, une alchimie de cendres qui a l’odeur du givre, des nuits terrifiantes. Dieu, qu’il fait froid, quand est-ce que la pluie s’arrêtera ? Les frissons perdurent, les ténèbres vous enveloppent et vous restez scotchés face à cette musique inqualifiable tant elle trouble par son caractère tribal, son animosité, ses cérémonies mortuaires, ses évocations cauchemardesques.

Fever Ray a certes de quoi rendre perplexe, mais a surtout de quoi marquer les esprits par une œuvre éblouissante.

(Chronique reprise en grosse partie d’une précédente : https://chucky333.wordpress.com/2009/11/28/fever-ray-un-glacier-cauchemardesque/ )

1. The xx – Self-titled (Young Turks)

On pourrait penser que la première place de ce type de classement est la plus facile à attribuer. Celle qui revient à l’album le plus écouté durant l’année, celui qui n’a jamais été supprimé du lecteur mp3, celui qui se réécoute encore tous les jours sans jamais lasser. Mais en fait, non, c’est bien plus complexe que ça. The xx a failli ne pas se retrouver à cette place à cause surtout de la « hype facile » dont il fait preuve. Cependant, au final, aucuns autres albums ne semblaient pouvoir lui ravir cette première place.

Au-delà des controverses donc quant à cet album, The xx a su développer un son qui leur est propre d’une incroyable lenteur,  d’un tempo torturé, d’une musicalité des plus minimalistes et pourtant des plus hypnotiques. Ce groupe londonien formé de quatre de jeunots d’une vingtaine d’années a pondu avec le premier album un petit ovni. On appelle ça de la « pop atmosphérique » mais entre nous, on peut l’avouer, ça ne veut rien dire. The xx est indéfinissable et commence déjà à conquérir l’Europe par sa bande son étrange et surprenante. Ce qui est sûr, c’est que j’ai également craqué. Et je dis ça fièrement, mes places de concerts sous les yeux faisant fi de ce que l’on peut en dire.

(Chronique inspirée d’une précédente  : https://chucky333.wordpress.com/2009/11/15/the-xx-lhypnotique-jeunesse-londonienne/ )

Epilogue

Après ces quelques semaines de déboires musicales, quel intérêt au fond à un TOP 20 ? Parce qu’au final si je devais le refaire aujourd’hui ce classement, il n’aurait déjà plus tout à fait la même forme. Cela dépend des humeurs, du contingent (hum…). Mais puisque tout n’est qu’éphémère, ce classement le sera. Qui sait s’il s’étendra dans le (votre) temps par je l’espère, des découvertes fortuites, des écoutes marquantes. À l’année prochaine ?

Mentions honorables :

Oui, parce que, tout de même… (dans un ordre aléatoire)

– The Dead Weather : Horehound

– Bat For Lashes : Two Suns

– The Very Best : Warm Heart Of Africa

– Dead Man’s Bones : Dead Man’s Bones

– Yacht : See Mystery Lights

– Sunset Rubdown : Dragonslayer

– Real Estate : Real Estate

– Wild Beasts – Two Dancers

– Andrew Bird : Noble Beast

– St. Vincent : Actor

– Rodrigo Y Gabriela : 11-11

– Why : Eskimo Snow

– Tom Waits – Glitter And Doom (Live)

– The Flaming Lips : Embryonic

– Oxmo Puccino – L’arme de paix

– … (J’en oublie sûrement).

décembre 12, 2009

TOP 20 des albums de 2009 : troisième partie, de 10 à 6

Posted in Musique tagged , , , , , , , à 12:40 par chucky333

Suite du classement :

10. Le Loup – Family (Talitres)

Il faut le savoir : je déteste comparer un groupe à un autre. Mais tout de même, Le Loup a la dégaine d’un renard de chez Fleet Foxes.  « Family » est un album aérien, sur la canopée d’une forêt grouillante de canidés. Guitare, banjo, mandoline, ukulélé et percussions minimalistes s’entremêlent dans des harmonies somptueuses dominées par des voix aux allures grégoriennes. Le tout est bouillonnant d’esthétisme avec un goût d’Afrique et un zeste d’Asie. Les influences tribales de ces incantations font réveiller le charme d’un « Loup », vif, agile et intouchable.

9. Grizzly Bear – Veckatimest (Warp)

Si Veckatimest devait être la bande son d’un film, ce serait sans nul doute un film d’animation fantastique et magique où une forêt serait hantée de drôles de créatures. À l’instar peut-être du clip réalisé pour le titre « Ready, Able », à la fois étrange et sublime. Voilà sûrement la meilleure définition de la musique de Grizzly Bear. Si à priori rien de vraiment novateur surgit de ce 4ème opus, les ours font rugir de plus belle des compositions envoûtantes d’instrumentalisations pas toujours si ordinaires que ça. Veckatimest est une montagne russe qui sait trouver l’équilibre entre force et douceur. Et quand les chœurs et tambours montent, la chute est vertigineuse. Les voix de chorale du quatuor bercent comme elles rugissent. Les ours savent brouiller les pistes et faire peser le mystère. À nous de ne pas nous perdre sur les sentiers étranges de ce sublime album.

8. Mumford & Sons – Sigh No More (Island Records)

Mumford & Sons avait déjà su créer la sensation grâce à deux EP sortis l’année passée. Prometteurs tant ils étaient trop courts. Les titres avaient la carrure de ceux du groupe et amis Noah And The Whale, gracieux, enjoué et véritablement symphoniques. De plus Marcus Mumford, chanteur principal du groupe a cette voix comparable à celle de Charlie Fink, marquante dans ses premières syllabes, touchantes dans ses moindres murmures. Dans la même veine carrément folk, « Sigh No More » sait dompter les banjos, les guitares, les dobros, les claviers pour les associer à des riffs parfois très rocks. Sans nul doute qu’après seulement 2 ans d’expérience Mumford & Sons a encore beaucoup à prouver, mais on les attend avec impatience !

Un peu plus ici : https://chucky333.wordpress.com/2009/11/07/le-temps-d’une-chanson-nous-nous-aimions/

7. Dirty Projectors – Bitte Orca (Domino)

Certes, je suis parfois, moi aussi, victime de la boboïsation pitchforkienne, ce cette foutue manie de faire de certains albums de hype tendance un objet de convoitise. Vous ne comprenez rien à ce que je dis ? Ce n’est pas grave, tant mieux.

Ce qu’il faut savoir c’est que « Bitte Orca » et le groupe Dirty Projectors dans l’ensemble sont l’objet de discordes, les avis divergent. Rien que la voix de Dave Longstreth semblerait filer la nausée à pas mal de gens. Du coup, ces derniers s’esclaffent devant un tel emballement pour ce dernier album. Et pourquoi moi, ai-je donc cédé à la hype ?

D’abord, Dirty Projectors ne s’expliquent pas, ils s’écoutent. Leur musique semble être le confluent d’influences les plus diverses, de la pop des années 80 en passant par le folk, rock et même l’opéra. « Bitte Orca » mélange dans un grand shaker toutes ces petites voix, ces mélodies psychédéliques pour en ressortir des kaléidoscopes multicolores et explosifs. Ensuite, par son éclectisme, « Bitte Orca » peut vous faire passer par tous les sentiments possibles et peut par convergence s’écouter dans toutes les situations imaginables. Cet opus représente le multi-usage dans son principe robotique et se découvre encore de nouvelles fonctions aussi bien qu’on lui découvre de nouveaux charmes à chaque écoute. Polémiquez-donc…

6. Volcano Choir – Unmap (Jagjaguwar)

Qu’arrive t-il à notre barbu préféré (quoique la concurrence est rude) ? Justin Vernon, alias Bon Iver, troque ici sa chemise de bûcheron et son folk ténébreux pour devenir cet artisan musical « touche-à-tout » expérimentaliste. Et pour, une nouvelle fois, nous prouver son génie. Sa voix se multiplie interminablement pour résonner contre une machinerie bien huilée. Ça sonne, ça grésille, pendant que deux notes suffisent à installer une ambiance des plus particulières. Laquelle ? Indescriptible. Peut-être même que ce nouveau projet Volcano Choir  laissera perplexe la plupart des assidus de Bon Iver. Car « Unmap » est aux antipodes du folk épuré du chef d’œuvre « For Emma, Forever Ago ». « Unmap » est plutôt complexe, torturé, enchevêtré de mélodies conceptuelles. La voix d’ange apocalyptique de Justin Vernon se colle néanmoins tout aussi magnifiquement à ce projet audacieux et réussi. Avis aux amateurs de nouvelles sensations musicales.

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La suite et fin dans quelques jours.

décembre 5, 2009

TOP 20 des albums de 2009 : deuxième partie, de 15 à 11

Posted in Musique tagged , , , , , , , , , , , , à 5:11 par chucky333

Suite du classement :

15. Danger Mouse & Sparklehorse – Dark Night Of The Soul (/)

Qu’était donc ce nouveau projet “Dark Night Of The Soul” ? Précédée d’une mystérieuse campagne publicitaire, la sortie de cet album avait fait s’interroger le monde de la musique. Il faut dire que l’image d’annonce était signée David Lynch et la musique se trouvait être le fruit de la collaboration de Danger Mouse & Sparklehorse. L’histoire a fait d’autant plus grand bruit que le contrat n’ayant pas été signé avec EMI, toute la petite troupe s’est chargée de la production. Au final, « Dark Night Of The Soul » était en vente, contenant un livre illustré par David Lynch, un poster et un CD-R pour graver l’album qui se téléchargeait sur la Toile… gratuitement. Et ce n’est pas tout : chaque titre du projet était signé d’une prestigieuse collaboration (Vic Chesnutt, Julian Casablancas, Iggy Pop, Wayne Coyne, …). Le résultat est bluffant, bien évidemment éclectique et pourtant bien homogène. Émotionnel à souhait, camé comme une rock star, naviguant entre de multiples inspirations, de multiples voix,  « Dark Night Of The Soul » ressemble a une soirée prestigieuse où l’on rencontrerait les plus grands musiciens et qui se finirait pas une jam session des plus légendaires.

14. Girls – Album (True Panther)

Il y a quelque chose de très paradoxal dans la musique de Girls : Christopher Owens leader, incontestablement drogué, du groupe mène à grand train des morceaux bouillonnants qui ont pourtant l’odeur des caniveaux. Il faut dire que l’histoire ce type a de quoi inspirer le scénario d’un film : échappé d’une secte, voyant sa mère se prostituer pour survivre au départ du père. Ce serait presque même un peu trop.

Mais l’album de Girls a ce goût de débauche et de narcotisme et résulte surement de soirées de grandes turpitudes. Christopher Owens a dans sa voix les démons de son passé tout en les extériorisant de la façon la plus gracieuse qui soit. « Album » est ce mélange un peu spécial où se croise jeunesse dépravée et rock très classe, cocktail explosif. BOUM, on est conquis.

13. The Big Pink – A Brief History Of Love (4AD)

Dès les premières notes lointaines, on se doute que quelque chose de pas très habituel se passe avec “A Brief History Of Love”. Oui, bon il y a ce bon vieux effet « shoegaze » qui n’a rien de neuf, mais les morceaux son ici travaillés d’une manière sombre et pourtant légère. Les voix du duo londonien formé par Robbie Furze et Milo Cordell se mêlent à une électro-pop sous acide. Ce sont des sons tonitrués, des guitares qui crient, des effets qui s’enflamment et par-dessous tout, deux bonhommes qui survolent un peu tout ça de leur voix planantes. L’album louvoyant aisément entre des morceaux  psychédéliques  et d’autres de pop émotionnel, parfois à grand coup de vitamines dans les veines et coup de pompe dans le derrière. Le tout se secoue avec mélancolie et énergie, The Big Pink créant une ambiance ténébreuse et audacieuse (par son montage très « lo-fi ») dans un album éclectique.

12. Atlas Sound – Logos (XL)

Appuyer sur “play” pour l’album “Logos”, c’est s’engager à entrer dans un monde virtuel épileptique. Un monde légèrement distordu, complètement hallucinant : ce sont des petites bulles aquatiques et électriques sur lesquelles on se pose pour faire un voyage hors du commun C’est une expérience très sensorielle que l’écoute de cet album d’Atlas Sound, projet solo de Bradford Cox, leader du groupe Deerhunter. Cela en devient presque indescriptible lorsque « Logos » s’amuser à électriser une pop répétitives de mantras aériens. Un petit ovni vient en visite sur nos planètes oreilles, déclarant paix et réconciliation de nos expériences auditives.

11. Monsters O Folk – Monsters Of Folk (Rough Trade)

Le nom du groupe de ce nouveau projet musical est de circonstance puisqu’il réunit 4 génies du folk américain qui ont décidé d’accorder leur talent pour un opus tout aussi représentatif de celui-ci.  Conor Oberst, M. Ward, Mike Mogis (Bright Eyes) et Jim James (My Morning Jacket) ont donc décidé de se réunir entre amis pour un bœuf des plus réjouissant. Dans la pure tradition américaine, touchant au folk, à la country, au blues, les 4 fantastiques n’ont rien inventé mais ont sans nul doute créé un album jouissif, sans fausse note et qui a le mérite de voir se créer une collaboration fortuite. Le talent est incontestable et nous fait bourlinguer durant une petite heure sur les routes outre-atlantiques, sauvages et légendaires, le même chemin que l’histoire américaine et ses traditions musicales.

Un peu plus ici : https://chucky333.wordpress.com/2009/11/07/le-temps-d%E2%80%99une-chanson-nous-nous-aimions/

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La suite dans quelques jours.

novembre 28, 2009

Fever Ray, un glacier cauchemardesque

Posted in Musique tagged , , , , , , à 1:54 par chucky333

Les mots manquent à l’appel face à cette étrange réalisation. Que se passe t-il donc dans la tête de la Suédoise Karin Dreijer Andersson (The Knife) pour nous assourdir d’aussi ténébreuses compositions ?

Et pourtant, l’envoûtement est total, la drogue vous prend par les oreilles et vous entraîne dans d’incroyables hallucinations auditives. Fever Ray évoque d’anciens comptes africains, des sonorités noires, des effluves d’une Asie ancienne et disparue. C’est un mélange troublant, une alchimie de cendres qui a l’odeur du givre, des nuits terrifiantes. Dieu, qu’il fait froid, quand est-ce que la pluie s’arrêtera ? Les frissons perdurent, les ténèbres vous enveloppent et vous restez scotchés face à cette musique inqualifiable tant elle trouble par son caractère tribal, son animosité, ses cérémonies mortuaires, ses évocations cauchemardesques.

Il est vrai, qu’à la première écoute, non-attentive, Fever Ray a de quoi laisser perplexe mais laissez vous conquérir par 50 minutes d’hypnose et découvrez un des meilleurs albums de cette année 2009.

Un clip tout aussi étrange et envoûtant.

novembre 18, 2009

« Megafaun – Gather, Form & Fly » : Tombe la pluie, tombe.

Posted in Musique tagged , , , , , , à 11:33 par chucky333

Le groupe Megafaun a bien plus que son nom d’original : sa musique est tout autant fantaisiste. Imaginez donc, 3 hommes bien portants et bien poilus tout droit venus de la Caroline du Nord. Imaginez-les ensuite montant un groupe de folk dans la pure tradition américaine.  Le cliché est parfait.

Mais bien au-delà, on remarque que dans l’album de ces trois zigotos (Gather, Form & Fly), l’ambiance est bien plus originale. Passant de la country la plus fondamentaliste à l’expérimental atmosphérique sans peine, le trio surprend par cette ligne de fond étonannte qui traverse tout l’album et qui nous traverse de fond en comble. On succombe. Megafaun parvient à nous faire voyager dans des univers imprévisibles, faisant tomber la pluie après une danse que nous pouvons presque percevoir, appelant les ancêtres d’une forêt hantée, faisant crisser des cordes magiques. L’atmosphère de Gather Form & Fly touche à l’essentiel : l’aventure et l’évasion.

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