Le Top 20 des albums de 2009

Mais pourquoi donc, me suis-je assigné cette lourde tâche que de dévoiler mes coups de cœur musicaux de 2009 ? Ce qui semblait être facile s’est en fait révélé une tâche délicate et longue. J’ai donc décortiquer tout ce qui a fait de cette année des moments de magie, d’évasion, la bande-son qui a accompagné mes vacances, mes nuits blanches, mes soirées de labeur, mes escapades printanières. De plus, l’année fut pas mal pourvue de généreuses surprises, d’albums magnifiques.

Alors oui, je le concède, l’année n’est pas finie mais le temps manque parfois et j’évite ainsi toute influence de classement de ce type de confrères blogueurs ou des grands magazines anglo-saxons. Et puis, oui, ce choix ne représente que mes coups de cœur issus de mes propres goûts mais le but est plutôt de pouvoir vous faire découvrir les mêmes sensations, et de partager ce qui est le plus précieux pour moi.

Il est donc évident que d’autre bijoux ont été laissé sur le carreau et je le regrette mais que voulez-vous ? J’ai par ailleurs essayé à tout prix de faire preuve d’éclectisme. Néanmoins, on remarque que la musique électronique, indépendante ou encore psychédélique ont pris un peu le pas sur ce que j’avais refusé de faire l’année passée (se plier à cette tendance de tripoter tous les sons à coups de synthé et ordinateurs).  Rock, folk, pop, un peu de jazz aussi ont soutiré toutes les places à des styles qui n’ont pas trouvé d’albums marquants pour ma part cette année. (Mais je demande qu’à recevoir vos suggestions !). Vous seront-donc dévoilés, 5 par 5, mes meilleurs album sortis en 2009 à travers ce classement. Trève de bla-bla, le voici, le voilà :

20. Bill Callahan – Sometimes I Wish We Were An Eagle (Drag City)

La dernière place d’un classement est souvent la plus dure à désigner  et la liste des albums qui auraient pu s’y trouver est longue. À titre de mention, ce numéro 20 aurait bien pu être attribué à The Dead Weather, Rodrigo Y Gabriela, WHY ?, The Flaming Lips, Bat For Lashes,… Je l’ai dis la liste est longue. Finalement pourquoi celui-ci ? Ce sont des choses qui ne s’expliquent pas. Ce qui est sûr c’est que Bill Callahan, connu aussi sous le nom de (Smog), possède une manière de conter les histoires qui font la particularité de son “song-writing”. Sa voix légère et sombre se pose comme un aigle sur le canyon d’une instrumentalisation très folk. Certains morceaux s’autorisant même quelques escapades du côté du Grand Orient, la rencontre des deux styles est magique, au goût de l’évasion, des grandes routes américaines qui traverserait des océans. Il est certain que le bonhomme a déjà une longue carrière derrière lui, lui qui enregistrait à l’origine ses morceaux sur cassette. Mais ne dit-on pas que c’est dans les anciennes marmites qu’on fait les meilleures soupes ? Ce dicton ce vérifie pour « Sometimes I Wish We Were An Eagle », album qui a su éviter tous les courants de « boboïsation », d’électrisation pour garder la délicatesse de la grande tradition « storytelling » américaine.

19. Phoenix – Wolfgang Amadeus Phoenix (Loyauté)

J’avoue, je tenais à mettre dans ce classement un groupe ou un chanteur francophone, belge ou français. Mais face au déluge de bons albums en 2009, il faut préciser que nous ne faisions pas beaucoup le poids. Pourtant, on a tendance à l’oublier mais Phoenix, groupe exporté chez nos amis anglo-saxons est bel et bien français. Ses trois jeunes membres ont réussis avec leur touche glam-rock à s’immiscer dans les charts des plus grands magazines musicaux (Pitchfork classant l’album dans la meilleure musique de 2009, côté à 8.5 sur 10). La « french-touch » a donc un avenir hors de ses frontières. Ceci dit, Phoenix réunit tout le talent nécessaire pour cela, leur pop est à la fois chic et sophistiquée et fait de « Wolfgang Amadeus Phoenix » un brillant album qui fait le bonheur des oreilles même outre-Atlantique.

18. Alela Diane – To Be Still (Rough Trade)

On ne présente plus Alela Diane, princesse du folk américain, une indienne à la voix d’or. « To Be Still » ne pourrait être que la continuité de son premier album (« The Pirate’s Gospel ») que ce serait encore un plaisir de l’entendre et le réécouter.

Chronique faite ici : https://chucky333.wordpress.com/2009/02/21/alela-diane-lappel-des-loups/

« Un monde ancestral et pourtant qui paraît si peu connu, une nouvelle terre vierge, nous sommes revenu au temps des Grandes Découvertes ou alors de La Ruée vers l’Or, parce que de l’or nous en avons trouvé. Dans les rivières ondulantes et mystérieuses de la musique d’Alela Diane. »

17. Lisa Ekdahl – Give Me That Slow Knowing Smile (Sony)

Je me suis fait un devoir d’éclectisme pour ce TOP 20 ce dont beaucoup de « charts » manquent cruellement. Alors quoi de mieux qu’un peu de jazz-blues ? Ceci dit, n’allez pas croire que Lisa Ekdahl se retrouve ici par hasard, la chanteuse suédoise a du charme et sait l’utiliser. Avec une délicatesse profonde, sa voix vient se lover contre de doux arrangement jazzy. « Give Me That Slow Knowing Smile » se trouve être la bande-son idéale d’une promenade dans les verdures nordiques, la tête plongé dans un ciel bleu, les nuages prenant des formes « choupinous » à la manière de la douce et jolie Lisa Ekdhal.

16. Noah & The Whale – The First Days Of Spring (Vertigo Records)

Il était difficile pour moi de ne pas mettre Noah & The Whale dans ce classement. Car depuis l’année passée, Charlie Fink et sa troupe ont littéralement pris possession de toutes mes sorties audio. Et pourtant « The First Days Of Spring » a mis un poil plus de temps à convaincre que le premier opus (“Peaceful, The World Lays Me Down”) et laisse encore perplexe certains critiques. Néanmoins, le charme du groupe folk a toujours de quoi séduire, il a juste changé la formule. La magie est toujours là, plus que présente, et peut nous faire rêver encore quelques temps.

Critique faite ici : https://chucky333.wordpress.com/2009/11/07/le-temps-d%e2%80%99une-chanson-nous-nous-aimions/

15. Danger Mouse & Sparklehorse – Dark Night Of The Soul (/)

Qu’était donc ce nouveau projet “Dark Night Of The Soul” ? Précédée d’une mystérieuse campagne publicitaire, la sortie de cet album avait fait s’interroger le monde de la musique. Il faut dire que l’image d’annonce était signée David Lynch et la musique se trouvait être le fruit de la collaboration de Danger Mouse & Sparklehorse. L’histoire a fait d’autant plus grand bruit que le contrat n’ayant pas été signé avec EMI, toute la petite troupe s’est chargée de la production. Au final, « Dark Night Of The Soul » était en vente, contenant un livre illustré par David Lynch, un poster et un CD-R pour graver l’album qui se téléchargeait sur la Toile… gratuitement. Et ce n’est pas tout : chaque titre du projet était signé d’une prestigieuse collaboration (Vic Chesnutt, Julian Casablancas, Iggy Pop, Wayne Coyne, …). Le résultat est bluffant, bien évidemment éclectique et pourtant bien homogène. Émotionnel à souhait, camé comme une rock star, naviguant entre de multiples inspirations, de multiples voix,  « Dark Night Of The Soul » ressemble a une soirée prestigieuse où l’on rencontrerait les plus grands musiciens et qui se finirait pas une jam session des plus légendaires.

14. Girls – Album (True Panther)

Il y a quelque chose de très paradoxal dans la musique de Girls : Christopher Owens leader, incontestablement drogué, du groupe mène à grand train des morceaux bouillonnants qui ont pourtant l’odeur des caniveaux. Il faut dire que l’histoire ce type a de quoi inspirer le scénario d’un film : échappé d’une secte, voyant sa mère se prostituer pour survivre au départ du père. Ce serait presque même un peu trop.

Mais l’album de Girls a ce goût de débauche et de narcotisme et résulte surement de soirées de grandes turpitudes. Christopher Owens a dans sa voix les démons de son passé tout en les extériorisant de la façon la plus gracieuse qui soit. « Album » est ce mélange un peu spécial où se croise jeunesse dépravée et rock très classe, cocktail explosif. BOUM, on est conquis.

13. The Big Pink – A Brief History Of Love (4AD)

Dès les premières notes lointaines, on se doute que quelque chose de pas très habituel se passe avec “A Brief History Of Love”. Oui, bon il y a ce bon vieux effet « shoegaze » qui n’a rien de neuf, mais les morceaux son ici travaillés d’une manière sombre et pourtant légère. Les voix du duo londonien formé par Robbie Furze et Milo Cordell se mêlent à une électro-pop sous acide. Ce sont des sons tonitrués, des guitares qui crient, des effets qui s’enflamment et par-dessous tout, deux bonhommes qui survolent un peu tout ça de leur voix planantes. L’album louvoyant aisément entre des morceaux  psychédéliques  et d’autres de pop émotionnel, parfois à grand coup de vitamines dans les veines et coup de pompe dans le derrière. Le tout se secoue avec mélancolie et énergie, The Big Pink créant une ambiance ténébreuse et audacieuse (par son montage très « lo-fi ») dans un album éclectique.

12. Atlas Sound – Logos (XL)

Appuyer sur “play” pour l’album “Logos”, c’est s’engager à entrer dans un monde virtuel épileptique. Un monde légèrement distordu, complètement hallucinant : ce sont des petites bulles aquatiques et électriques sur lesquelles on se pose pour faire un voyage hors du commun C’est une expérience très sensorielle que l’écoute de cet album d’Atlas Sound, projet solo de Bradford Cox, leader du groupe Deerhunter. Cela en devient presque indescriptible lorsque « Logos » s’amuser à électriser une pop répétitives de mantras aériens. Un petit ovni vient en visite sur nos planètes oreilles, déclarant paix et réconciliation de nos expériences auditives.

11. Monsters O Folk – Monsters Of Folk (Rough Trade)

Le nom du groupe de ce nouveau projet musical est de circonstance puisqu’il réunit 4 génies du folk américain qui ont décidé d’accorder leur talent pour un opus tout aussi représentatif de celui-ci.  Conor Oberst, M. Ward, Mike Mogis (Bright Eyes) et Jim James (My Morning Jacket) ont donc décidé de se réunir entre amis pour un bœuf des plus réjouissant. Dans la pure tradition américaine, touchant au folk, à la country, au blues, les 4 fantastiques n’ont rien inventé mais ont sans nul doute créé un album jouissif, sans fausse note et qui a le mérite de voir se créer une collaboration fortuite. Le talent est incontestable et nous fait bourlinguer durant une petite heure sur les routes outre-atlantiques, sauvages et légendaires, le même chemin que l’histoire américaine et ses traditions musicales.

Un peu plus ici : https://chucky333.wordpress.com/2009/11/07/le-temps-d%E2%80%99une-chanson-nous-nous-aimions/

10. Le Loup – Family (Talitres)

Il faut le savoir : je déteste comparer un groupe à un autre. Mais tout de même, Le Loup a la dégaine d’un renard de chez Fleet Foxes.  « Family » est un album aérien, sur la canopée d’une forêt grouillante de canidés. Guitare, banjo, mandoline, ukulélé et percussions minimalistes s’entremêlent dans des harmonies somptueuses dominées par des voix aux allures grégoriennes. Le tout est bouillonnant d’esthétisme avec un goût d’Afrique et un zeste d’Asie. Les influences tribales de ces incantations font réveiller le charme d’un « Loup », vif, agile et intouchable.

9. Grizzly Bear – Veckatimest (Warp)

Si Veckatimest devait être la bande son d’un film, ce serait sans nul doute un film d’animation fantastique et magique où une forêt serait hantée de drôles de créatures. À l’instar peut-être du clip réalisé pour le titre « Ready, Able », à la fois étrange et sublime. Voilà sûrement la meilleure définition de la musique de Grizzly Bear. Si à priori rien de vraiment novateur surgit de ce 4ème opus, les ours font rugir de plus belle des compositions envoûtantes d’instrumentalisations pas toujours si ordinaires que ça. Veckatimest est une montagne russe qui sait trouver l’équilibre entre force et douceur. Et quand les chœurs et tambours montent, la chute est vertigineuse. Les voix de chorale du quatuor bercent comme elles rugissent. Les ours savent brouiller les pistes et faire peser le mystère. À nous de ne pas nous perdre sur les sentiers étranges de ce sublime album.

8. Mumford & Sons – Sigh No More (Island Records)

Mumford & Sons avait déjà su créer la sensation grâce à deux EP sortis l’année passée. Prometteurs tant ils étaient trop courts. Les titres avaient la carrure de ceux du groupe et amis Noah And The Whale, gracieux, enjoué et véritablement symphoniques. De plus Marcus Mumford, chanteur principal du groupe a cette voix comparable à celle de Charlie Fink, marquante dans ses premières syllabes, touchantes dans ses moindres murmures. Dans la même veine carrément folk, « Sigh No More » sait dompter les banjos, les guitares, les dobros, les claviers pour les associer à des riffs parfois très rocks. Sans nul doute qu’après seulement 2 ans d’expérience Mumford & Sons a encore beaucoup à prouver, mais on les attend avec impatience !

Un peu plus ici : https://chucky333.wordpress.com/2009/11/07/le-temps-d’une-chanson-nous-nous-aimions/

7. Dirty Projectors – Bitte Orca (Domino)

Certes, je suis parfois, moi aussi, victime de la boboïsation pitchforkienne, ce cette foutue manie de faire de certains albums de hype tendance un objet de convoitise. Vous ne comprenez rien à ce que je dis ? Ce n’est pas grave, tant mieux.

Ce qu’il faut savoir c’est que « Bitte Orca » et le groupe Dirty Projectors dans l’ensemble sont l’objet de discordes, les avis divergent. Rien que la voix de Dave Longstreth semblerait filer la nausée à pas mal de gens. Du coup, ces derniers s’esclaffent devant un tel emballement pour ce dernier album. Et pourquoi moi, ai-je donc cédé à la hype ?

D’abord, Dirty Projectors ne s’expliquent pas, ils s’écoutent. Leur musique semble être le confluent d’influences les plus diverses, de la pop des années 80 en passant par le folk, rock et même l’opéra. « Bitte Orca » mélange dans un grand shaker toutes ces petites voix, ces mélodies psychédéliques pour en ressortir des kaléidoscopes multicolores et explosifs. Ensuite, par son éclectisme, « Bitte Orca » peut vous faire passer par tous les sentiments possibles et peut par convergence s’écouter dans toutes les situations imaginables. Cet opus représente le multi-usage dans son principe robotique et se découvre encore de nouvelles fonctions aussi bien qu’on lui découvre de nouveaux charmes à chaque écoute. Polémiquez-donc…

6. Volcano Choir – Unmap (Jagjaguwar)

Qu’arrive t-il à notre barbu préféré (quoique la concurrence est rude) ? Justin Vernon, alias Bon Iver, troque ici sa chemise de bûcheron et son folk ténébreux pour devenir cet artisan musical « touche-à-tout » expérimentaliste. Et pour, une nouvelle fois, nous prouver son génie. Sa voix se multiplie interminablement pour résonner contre une machinerie bien huilée. Ça sonne, ça grésille, pendant que deux notes suffisent à installer une ambiance des plus particulières. Laquelle ? Indescriptible. Peut-être même que ce nouveau projet Volcano Choir  laissera perplexe la plupart des assidus de Bon Iver. Car « Unmap » est aux antipodes du folk épuré du chef d’œuvre « For Emma, Forever Ago ». « Unmap » est plutôt complexe, torturé, enchevêtré de mélodies conceptuelles. La voix d’ange apocalyptique de Justin Vernon se colle néanmoins tout aussi magnifiquement à ce projet audacieux et réussi. Avis aux amateurs de nouvelles sensations musicales.

5. Megafaun – Gather, Form & Fly (Hometapes)

Le groupe Megafaun a bien plus que son nom d’original : sa musique est tout autant fantaisiste. Imaginez donc, 3 hommes bien portants et bien poilus tout droit venus de la Caroline du Nord. Imaginez-les ensuite montant un groupe de folk dans la pure tradition américaine.  Le cliché est parfait.

Mais bien au-delà, on remarque que dans l’album de ces trois zigotos (Gather, Form & Fly), l’ambiance est bien plus originale. Passant de la country la plus fondamentaliste à l’expérimental atmosphérique sans peine, le trio surprend par cette ligne de fond étonannte qui traverse tout l’album et qui nous traverse de fond en comble. On succombe. Megafaun parvient à nous faire voyager dans des univers imprévisibles, faisant tomber la pluie après une danse que nous pouvons presque percevoir, appelant les ancêtres d’une forêt hantée, faisant crisser des cordes magiques. L’atmosphère de Gather Form & Fly touche à l’essentiel : l’aventure et l’évasion.

(Chronique reprise d’une précédente : https://chucky333.wordpress.com/2009/11/18/megafaun-gather-form-fly-tombe-la-pluie-tombe/ )

4. Animal Collective – Merriweather Post Pavilion (Domino)

Le dernier album de Animal Collective, sorti en début d’année, fut déjà annoncé des mois à l’avance et créa cette sorte d’attente parfois à la limite du ridicule et qui se finit le plus souvent par de terribles déceptions. Ce ne fut pas le cas. « Merriweather Post Pavilion » est un peu l’aboutissement du groupe, l’étendard de tout ce qui a été accompli, comme un grand panier dans lequel il a été inséré tout ce que le groupe avait pu trouver sur sa route.

Cette route n’a rien de commun, n’a rien de terrestre ou d’humain. Le son d’Animal Collective semble parfois extraterrestre ou amphibie. Un voyage au milieu de bulles aquatiques et électriques vers une cité d’animaux étranges aux voix tant gémissantes qu’entraînantes : les sirènes d’Ulysse. Le titre « My Girls », extrait de cet opus, résume à lui seul tout ceci par sa puissance auditive faite de synth-pop, de chœurs d’échos et de percussions assourdissantes.  Là où Animal Collective semble, pour certaines personnes, inaudible et dissonant, « Merriweather Post Pavilion » retentit pour les autres comme un chef-d’œuvre de la musique de cette fin de décennie.

3. The Antlers – Hospice (Frenchkiss)

Alors que jusqu’ici on a énormément parlé de voyages, d’évasion, de danses de la pluie, d’animaux féériques, … voici l’antithèse. Disons le tout de suite, « Hospice » est un album à faire chialer. The Antlers a ce don de briller dans les ténèbres de l’accablement et du désespoir. Peter Silberman, chanteur et fondateur du groupe, va jusqu’à poser ses lèvres à même le micro lorsqu’il murmure pour que, de fait, chacune des syllabes se fasse entendre comme dans le creux de l’oreille. Mais qu’on ne s’y trompe pas, « Hospice » n’a rien de tendre et doux. Car si l’on entre dans l’album sur une mélodie au piano et une voix mielleuse, les percussions et la guitare ont vite fait d’exploser tout ça à coups de sons saturés et chaotiques et de la voix de Peter Silberman qui éclos, papillon magique d’une chenille noire. Ce à quoi se joignent de temps à autres banjo et trompette dans un requiem ahurissant.

« Hospice » est un long tunnel au bout duquel la lumière est aveuglante, à l’instar de certains titres bien moins mélancolique mais tout aussi jouissifs qui amènent à un « Epilogue » plein d’espoir et de splendeur.

2. Fever  Ray – Fever Ray (Rabid)

Les mots manquent à l’appel face à cette étrange réalisation. Que se passe t-il donc dans la tête de la Suédoise Karin Dreijer Andersson (The Knife) pour nous assourdir d’aussi ténébreuses compositions ?

Et pourtant, l’envoûtement est total, la drogue vous prend par les oreilles et vous entraîne dans d’incroyables hallucinations auditives. « Fever Ray » évoque d’anciens comptes africains, des sonorités noires, des effluves d’une Asie ancienne et disparue. C’est un mélange troublant, une alchimie de cendres qui a l’odeur du givre, des nuits terrifiantes. Dieu, qu’il fait froid, quand est-ce que la pluie s’arrêtera ? Les frissons perdurent, les ténèbres vous enveloppent et vous restez scotchés face à cette musique inqualifiable tant elle trouble par son caractère tribal, son animosité, ses cérémonies mortuaires, ses évocations cauchemardesques.

Fever Ray a certes de quoi rendre perplexe, mais a surtout de quoi marquer les esprits par une œuvre éblouissante.

(Chronique reprise en grosse partie d’une précédente : https://chucky333.wordpress.com/2009/11/28/fever-ray-un-glacier-cauchemardesque/ )

1. The xx – Self-titled (Young Turks)

On pourrait penser que la première place de ce type de classement est la plus facile à attribuer. Celle qui revient à l’album le plus écouté durant l’année, celui qui n’a jamais été supprimé du lecteur mp3, celui qui se réécoute encore tous les jours sans jamais lasser. Mais en fait, non, c’est bien plus complexe que ça. The xx a failli ne pas se retrouver à cette place à cause surtout de la « hype facile » dont il fait preuve. Cependant, au final, aucuns autres albums ne semblaient pouvoir lui ravir cette première place.

Au-delà des controverses donc quant à cet album, The xx a su développer un son qui leur est propre d’une incroyable lenteur,  d’un tempo torturé, d’une musicalité des plus minimalistes et pourtant des plus hypnotiques. Ce groupe londonien formé de quatre de jeunots d’une vingtaine d’années a pondu avec le premier album un petit ovni. On appelle ça de la « pop atmosphérique » mais entre nous, on peut l’avouer, ça ne veut rien dire. The xx est indéfinissable et commence déjà à conquérir l’Europe par sa bande son étrange et surprenante. Ce qui est sûr, c’est que j’ai également craqué. Et je dis ça fièrement, mes places de concerts sous les yeux faisant fi de ce que l’on peut en dire.

(Chronique inspirée d’une précédente  : https://chucky333.wordpress.com/2009/11/15/the-xx-lhypnotique-jeunesse-londonienne/ )

Epilogue

Après ces quelques semaines de déboires musicales, quel intérêt au fond à un TOP 20 ? Parce qu’au final si je devais le refaire aujourd’hui ce classement, il n’aurait déjà plus tout à fait la même forme. Cela dépend des humeurs, du contingent (hum…). Mais puisque tout n’est qu’éphémère, ce classement le sera. Qui sait s’il s’étendra dans le (votre) temps par je l’espère, des découvertes fortuites, des écoutes marquantes. À l’année prochaine ?

Mentions honorables :

Oui, parce que, tout de même… (dans un ordre aléatoire)

– The Dead Weather : Horehound

– Bat For Lashes : Two Suns

– The Very Best : Warm Heart Of Africa

– Dead Man’s Bones : Dead Man’s Bones

– Yacht : See Mystery Lights

– Sunset Rubdown : Dragonslayer

– Real Estate : Real Estate

– Wild Beasts – Two Dancers

– Andrew Bird : Noble Beast

– St. Vincent : Actor

– Rodrigo Y Gabriela : 11-11

– Why : Eskimo Snow

– Tom Waits – Glitter And Doom (Live)

– The Flaming Lips : Embryonic

– Oxmo Puccino – L’arme de paix

– … (J’en oublie sûrement).

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