juillet 26, 2008

Alexandre Jardin – Chaque femme est un roman.

Posted in Littérature tagged , , , , , , , , à 10:44 par chucky333

C’est un véritable hommage, une ode, qu’Alexandre Jardin a voulu offrir aux femmes avec ce dernier roman. Celles dont il est question ici, ont toutes quelque chose d’exceptionnel. Chaque chapitre est divisé en petits récits dédié à une seule femme, un portrait esquissé, et chaque fois, une once de folie.

Avec tout l’humour qu’on lui connait, Alexandre Jardin frise parfois la « philosophie de café », celle dont ces protagonistes féminins l’inspire. Tantôt naturels, tantôt surnaturels, ces récits s’enchevêtrent avec cette impression que l’on ressent du parfois « trop », du surjoué, mais sans le savoir vraiment, jusqu’à ce que l’auteur l’avoue lui-même subtilement.

“Ne leur ai-je pas prêté à toutes le caractère de personnages alors qu’elles ne sont, je le crains, que de fragiles personnes ?”

Rien d’exceptionnel en soi dans ce roman, parfois au bord du « nœud-nœud » mais jamais dedans, certaines petites nouvelles arrivent néanmoins à sortir du lot grâces à l’étrangeté parfois, à la sensibilité souvent, des ces femmes. On finit par se demander: où peut-on les rencontrer ces grand-mères fabuleuses, ces éditrices farfelues, ces jeunes filles aux idées saugrenues, ces mères hystériques de la pensée ouverte. Sa mère, donc qui chapeaute le roman comme l’inspiratrice, la muse, la libertaire, « l’anti-castration de pensée »
Pensée ouverte, c’est bien ça dont il est question durant tout ce livre, c’est ce qui nous tient dans ce roman sans nous retenir vraiment, ce qui nous y plonge sans captiver franchement.

« Qu’est-ce qu’une femme décisive, sinon une fenêtre qui s’ouvre dans un mur que l’on croyait aveugle ? »

février 16, 2008

« Nord perdu » de Nancy Huston

Posted in Littérature tagged , , , à 1:59 par chucky333

Nord perdu, Nancy HustonLe problème de l’expatriation chez les écrivains est un thème récurrent, Kundera en avait déjà exprimé les conséquences, et on avait remarqué de grandes différences d’inspiration face à la langue dans laquelle il écrivait. Nancy Huston, elle, vient du Canada, elle est passée par les États-Unis et, actuellement, vit à Paris depuis plus de vingt-cinq années.

Et c’est avec cet essai qu’elle nous évoque ses problèmes liés à la culture d’origine et adoptive, la double appartenance. En abordant plusieurs thèmes; la famille, la langue, les mots, le racisme, l’écriture, Nancy Huston a le don de nous conter quelques aventures personnelles. L’avantage de l’essai est qu’on peut y raconter tout et n’importe quoi, on ne se tient pas à une logique chronologique, on ne se tient pas à raconter une histoire, on y a borde les sujets et les anecdotes qu’on veut y retrouver. L’humour et le talent de l’auteur prennent alors place dans ce dialogue personnel, auquel on prend part. On y retrouve des passages, parfois comiques, parfois embarrassants, sur les problèmes qui sont liés au bilinguisme, à l’adoption d’une autre culture, à la peur du détachement de ses racines.

On retrouve aussi des passages qui ne nous touchent pas, à moins de connaître la même situation que l’auteur. On ne se sent pas toujours concernés par les péripéties qu’elle nous raconte, et encore moins du malaise qu’elle peut ressentir. Certes, on peut toujours essayer de se représenter loin de chez soi, de sa famille, de ses amis, de sa culture mais on a parfois du mal à s’imaginer certains problèmes liés aux langues et à l’expatriation en général.

Malgré tout, Nord perdu permet de passer un bon moment dans la vie de l’auteur qui maîtrise plus que jamais l’art de l’écriture et du bon mot. Un livre rempli de nostalgie et d’humour, de thèmes parfois assez divers qui ne restent pas braqués au seul sujet de l’expatriation.

« Sartre avait en horreur la nature, l’hérédité, la reproduction, tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un lien imposé, prédéterminé, enraciné dans la nécessité biologique. Il n’y a pas que Sartre, bien sûr ; il y a Kundera, Beckett, Kafka, toute la smala antikitsch : à bas les mères ! à bas l’amour familial le togetherness le smack smack papou prout prout les petits oiseaux qui gazouillent et le myosotis qui répand son parfum délicat jusqu’à l’horizon des vertes prairies. »