Mai 13, 2010

Freaky Folk : le grand « The Tallest Man On The Earth »

Posted in Musique tagged , , , , , à 3:49 par chucky333

Il y a chez Jens Kristian Mattson –alias The Tallest Man On The Earth- quelque chose de très perturbant d’assez dylanesque. D’abord parce que je déteste les comparaisons (surtout avec Bob Dylan) mais aussi parce que cela n’est probablement pas voulu. Pourtant accompagné pour seules amies d’une guitare et d’une voix nasillarde quelque peu assaillante, The Tallest Man On The Earth –comme son nom de scène un peu étrange le dit- est un grand monsieur.

« The Wild Hunt », son deuxième album après “Sallow Grave”, vient une nouvelle fois prouver l’incroyable talent de ce suédois. Une véritable baignade en eau glacée des contrées du nord : un peu difficile lors de la première immersion, mais tellement revivifiant.  Cette manière folle de raconter des histoires d’une voix tantôt douce, tantôt criarde n’est pas sans faire penser à Joanna Newsom, elle aussi auteur d’un magnifique album sorti cette année (« Have One On me »). Beaucoup restent de glace devant ces phénomènes de folk légèrement étranges. Pour les autres TheTallest Man On The Earth possède la recette simple pour réchauffer les cœurs. Ah, ces gars du nord…

avril 15, 2010

Petite sélection musicale made in 2010

Posted in Musique tagged , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , à 9:54 par chucky333

Une fois n’est pas coutume, pas de critiques, pas de commentaires, juste une petite sélection de ce qui s’est fait de meilleur jusqu’à maintenant (selon mon humble avis évidemment) en matière de musique depuis le début de cette année. Cette liste non exhaustive se veut des plus éclectiques et se garnit même de quelques inédits (qui ne resteront peut-être pas longtemps sur youtube mais  après tout, le bonheur est éphémère). En espérant que vous y trouviez de quoi satisfaire vos petites oreilles, visez un peu :

Beach House – Zebra :

http://www.youtube.com/watch?v=VbGMTL-6AH0

The Morning Benders – Excuses :

http://www.youtube.com/watch?v=aeE82XyNkyM

LCD Soundsystem – Dance Yrself Clean :

http://www.youtube.com/watch?v=x2Nt7P8vCzQ

Flying Lotus feat. Thom Yorke – …And The World Laughs With You :

http://www.youtube.com/watch?v=rtG201aYz3w

Gil Scott-Heron – New York is Killing Me :

http://www.youtube.com/watch?v=WiuorrXsngM

Local Natives – Airplanes :

http://www.youtube.com/watch?v=QuljnrCfBNw

The Besnard Lakes – Like The Ocean, Like The Innocent

http://www.youtube.com/watch?v=Ify-buS9JUU

Pantha du Prince – Stick To My Side :

http://www.youtube.com/watch?v=hYp91WftFqQ

Massive Attack – Paradise Circus :

http://www.youtube.com/watch?v=VAXaZQbym94

Joanna Newsom – Baby Birch :

http://www.youtube.com/watch?v=JfeALEPjN80

Laura Marling – Devil’s Spoke :

http://www.youtube.com/watch?v=EZxqBXax6Aw

mars 29, 2010

Pantha du Prince – Black Noise : une expérience sensorielle unique

Posted in Musique tagged , , , , , à 1:08 par chucky333

Encore méconnu ou presque, cela pourrait vite changer pour le producteur allemand Pantha du Prince. En effet, celui-ci, pour son 3ème album a signé chez Rough Trade (grand label anglais). Et de là démarrent les étincelles…

« Black Noise » n’est pas le genre d’album qu’on prend à la légère, pas celui dont on peut se permettre l’écoute n’importe quand, n’importe comment. « Black Noise » se révèle avant tout une expérience sensorielle unique en son genre. Une expérience mêlée de musique minimaliste et électronique mais surtout mélancolique et romantique -Pantha du Prince se décrivant lui-même comme un « romantique digital ». Cette expression étrange reflète à merveille sa musique recherchée, sophistiquée, mélodique. Les 70 minutes qui composent « Black Noise » s’avèrent d’une puissance sonore inouïe et incomparable. L’envoutement est total, un casque sur les oreilles et le voyage digital est magistral. Des sonorités étouffées, froides, magiques auxquelles se mêle sur l’excellent titre « Stick to My Side » la voix connue de Noah Lennox (alias Panda Bear) d’Animal Collective. Sur « The Splendour », notre ami Pantha du Prince se permet même la collaboration fortuite de Tyler Pope d’LCD Soundsystem.  Le tout est enrobé de ce qu’on pourrait appeler de la poésie électronique, « Black Noise » possède en tout cas la prose mélodique nécessaire pour ce genre de comparaison, sublime !

mars 22, 2010

Une soirée folk au Grand Mix de Tourcoing : Noah & The Whale et Roken is Dodelijk (20/03/10)

Posted in concert, Musique tagged , , , , , , , à 12:55 par chucky333

Presque symboliquement, les jeunes anglais de Noah & The Whale envahissaient le Grand Mix de Tourcoing avec leur dernier album « The First Days Of Spring », le 20 mars –eh oui, premier jour du printemps, ou presque. Mais le groupe folk originaire de Londres ne venait pas seul, sur l’affiche on pouvait également lire Roken Is Dodelijk.

Des Flamands ? Des Hollandais ? Des Belges ? Pas vraiment. En réalité, le groupe Roken is Dodelijk -« fumer tue » pour les non néerlandophones- s’est formé en 2006 à Lilles. Et pour brouiller encore un peu plus les pistes, ces gars (et une demoiselle, tout de même) du Nord chantent dans un parfait anglais avec le style et la carrure d’une formation britannique. Encore peu connu hors de leurs contrées, les jeunes lillois ont su pourtant éveiller l’attention d’un public tout acquis à la cause du folk émerveillant de Noah & The Whale. Il faut dire que l’on se situe plus ou moins dans la même tradition musicale, folk, instrumental, orchestral et surtout imprégné d’un leadeur a la voix envoûtante. Roken is Dodelijk a déployé dans cette salle du Grand Mix des chansons toute rôdées pour  la scène, théâtrales et arrangées. Fonzie, leadeur de cette formation, prend des allures d’acteur de théâtre, d’un magicien même, dans son veston-cravate. Charismatique et drôle, le bonhomme sait tenir son public près de lui par sa voix magistrale et ses feintises bienveillantes. Il sait aussi mener son groupe vers les sommets, dans des instrumentalisations grimpantes mais aussi des mélodies plus féériques. Parfois, on sent une légère impression d’Arcade Fire qui pointe le bout de son nez, sans nul doute que le groupe montréalais fait partie des références musicales de ces jeunes lillois plein d’avenir. C’est tout ce qu’on leur souhaite.

Viens donc le tour, très attendu, de Noah & The Whale. La chevelure bouclée d’un jeunot, sosie de Mika (dans un tout autre style, admettons-le) s’avance un peu timide suivi du groupe. On le sait, la présence féminine a disparue de la formation depuis le deuxième album évoquant justement la rupture de Laura Marling avec le leadeur (oui, le bouclé), Charlie Fink. Louvoyant entre le premier (« Peaceful, The World Lays Me Down ») et le deuxième album (« The First Days Of Spring »), les morceaux ont été arrangés en conséquence, bien plus électriques, se contentant de guitares, basse, piano, batterie et d’un violon. Dans un premier temps la voix magique de Charlie Fink s’avère moins prenante que dans les studios, mais ce n’est en réalité qu’une question de temps. Le groupe décolle peu à peu avec un « Jocasta » méconnaissable, un « Give a Little Love » qui fait se retrousser quelques poils et surtout « 5 Years Time », morceau sans conteste le plus attendu. On remarque d’ailleurs que ce sont ces morceaux du premier album qui font le plus mouche, les arrangements semblent plus travaillés. L’expérience déjà sans doute. Car beaucoup de titres s’achèvent brusquement, un peu à la va-vite à l’image du concert. Noah & The Whale sera resté 40 minutes sur scène en tout et pour tout, nous laissant juste, le temps d’un rappel, un titre exclusif (qui devrait sûrement s’intituler 1999 si l’on en croit la répétition multiple de cette date dans les paroles). On en veut plus, on en redemande, mais si on nous écoutait on pourrait y rester la nuit. Tandis que Charlie et sa bande ne pointeront plus le bout de leur nez, si ce n’est pas leurs mélodies enivrantes  et leurs paroles pastorales dans nos petites têtes émerveillées.

mars 15, 2010

Gorillaz – Plastic Beach

Posted in Musique tagged , , , , , à 4:29 par chucky333

Cela fait certainement plus de deux ans qu’on les attendait, les quatre membres farfelus du groupe Gorillaz, projet musical animé développé par Damon Albarn et Jamie Hewlett. Peut-être même plus de deux ans puisque ce 3ème projet musical d’un des groupes les plus révolutionnaires du 3ème millénaire fut initié en 2007 selon ses créateurs. Un projet dont, petit à petit, nous avons appris quelques bribes telles que la brochette de collaboration qui l’accompagnait : Mos Def, Lou Reed, De La Soul, Snoop Dog, Mick Jones, … pour ne citer qu’eux. « Plastic Beach » devenait alors l’objet de toutes les attentes.

Très certainement cette attente joua et jouera de mauvais tours au groupe virtuel puisque à première écoute, l’album « Plastic Beach » est décevant à plus d’un titre et ne ressemble en rien à ses deux premiers condisciples. Pas de véritable ligne de conduite pour ces 60 minutes de « fourre-tout », pas vraiment non plus de titres phares comme pouvait l’être « Clint Eastwood » ou « Feel Good Inc. ». C’est d’ailleurs le titre « Stylo » (en collaboration avec Bobby Womack et Mos Def) qui fait l’objet du premier single, premier titre dévoilé, un des plus mauvais morceaux sûrement de l’album dont seul le clip déjanté avec la présence de Bruce Willis arrive à lui extirper cette étiquette.

Néanmoins, on ne demande pas à Gorillaz de la redondance et cette nouveauté est synonyme de fraîcheur sur ce dernier opus. Après plusieurs écoutes, certains titres rendent cet album intéressant en plusieurs points, quelques collaborations s’avèrent magistrales et les compositions de Gorillaz toujours aussi sophistiquées. Pop, hip-hop, dubstep ou electro ? Gorillaz aime brouiller les pistes et surprendre. Un  Lou Reed auto-caricaturé (« Some Kind Of Nature »), un National Orchestra of Arabic Music symphoniquement rap (« White Flag »), un De La Soul survolté (« Superfast Jellyfish ») font de quelques titres des perles échouées sur une plage de plastique.

février 27, 2010

Coup de coeur : Beach House – Teen Dream

Posted in Musique tagged , , , , , , , à 2:26 par chucky333

Beach House en dit long de son nom de groupe sur sa musique estivale aux reflets bleus azurs et le sentiment de fraîcheur qu’elle apporte dans une petite cabane sur la plage.  Et que dire alors du nom de leur dernier album, « Teen Dream », qui fait entrer dans ce paysage une part de décadence, de sons lents et psychédéliques d’une jeunesse camée à souhait, jouant de leurs instruments presqu’au ralenti et sans aucun contrôle de soi-même. Le tableau semble être dressé.

« Teen Dream » est un album pudique, dans lequel  on entre à pas de souris pour observer d’un coin de fenêtre toute la délicatesse et l’émotion de ce spleen hypnotique. Les mouvements y semblent ralentis, les voix tremblantes, les sons timides, tout l’univers chancèle tel un château de cartes prêt à s’effondrer. Pendant que nous, nous sommes bel et bien tombés sous le charme de ces rêves adolescents, à la mode seventies, rappelant  une jeunesse désavouée, fragile, des années que l’on veut chérir et qu’on chérira encore durant nos voyages dans notre maison sur la plage.

MySpace : http://www.myspace.com/beachhousemusic

février 13, 2010

Un vent de hype dans l’nord : The xx (sans These New Puritans) au Grand Mix de Tourcoing (11/02/2010)

Posted in concert, Musique tagged , , , , , , , à 12:47 par chucky333

Il est 19h45, les portes du Grand Mix de Tourcoing ne sont pas encore ouvertes mais une petite file longe déjà les murs et attend patiemment dans le froid. Ce soir c’est complet : on joue à guichets fermés. Toutes les places se sont vendues il y a déjà quelques temps. Il faut dire que, ce soir, l’affiche est attendue et entendue : The xx. Le groupe londonien révélé en 2009 s’illustra dans la plupart des charts alternatifs pour parvenir en quelques mois à se faire un nom dans la « hype » musicale et se faire connaître par un public plus large. Des petits pubs londoniens, les voilà jouant tous les soirs dans des salles à chaque fois complètes. Pour leur tournée européenne, la première partie sera assurée par « These New Puritans », groupe un brin plus expérimenté pourtant et surtout auteur d’un récent et génialissime album « Hidden ».

20h, les portes s’ouvrent et la première surprise amène la déception : le groupe « These New Puritans » ne pourra pas assurer la première partie, ne pouvant pas franchir l’ « euro-tunnel », perturbé par les mauvaises conditions météorologiques. Qui les remplacera ? Malheureusement personne, le temps fut trop court pour les organisateurs. The xx assurera seul la soirée, et il faudra donc être patient.

Les premières notes de l’intro de l’album arrivent et réconfortent tout de suite. La scène s’illumine, cachée derrière un, grand drap blanc. Nous sommes face à des ombres mouvantes et mystifiées par des jeux de lumières tournoyants. Le groupe ne se compose plus que de 3 membres, après le départ de l’un des leurs pour maladie. L’ombre de Jamie Smith s’excite sur sa boîte à rythme tandis que Romy Madley Croft et Oliver Sim gardent leur calme respectivement à la guitare et à la basse. « Crystalised » fera tomber le rideau et enflammera le public définitivement réconcilié avec sa soirée. The xx envoûte le Grand Mix de Tourcoing, survole la salle d’une pop lancinante, térébrante, presque flippante. Il est vrai que les jeunes musiciens, derrière leur flegme britannique, ont l’air de sortir tout droit d’une arrière salle de café londonien d’un quartier mal famé, finissant leur nuit, camé et torturés par leur tourments juvéniles.

Le concert se poursuit au rythme de l’album, sur la même lignée avec l’énergie nécessaire pour réveiller de temps à autre le public. Seule la cover «Dou You Mind ? » de Kyla  viendra changer ce que l’on connaît de The xx même si ce morceau au final leur colle tellement à la peau qu’il semble être une de leur composition. Leur musique se révèle au grand jour sur scène : les voix des deux chanteurs subliment complètement la salle, les passages a capella nous laissent complètement aphones, les percussions font trembler les murs et nous remuent de l’intérieur. Ce sont des histoires que ces jeunes anglais viennent nous conter, des amours déchirés, des préoccupations sans réponses mais surtout deux voix majestueuses pour les chanter.  Seulement, au final, leurs morceaux se révèlent sur scène très ressemblants les uns des autres, la guitare semblant garder du début à la fin du concert le même rythme et quelques notes similaires.

« Basic Spaces »  se démarque tout de même, grandiose, prolongé de solos étourdissants et amenant déjà à la fin du concert sur « The Stars » en apothéose lorsqu’Oliver lâche sa basse pour littéralement se défouler sur une cymbale au son strident de la guitare et une accélération voltigeuse de la boîte à rythme. La salle jubile et savoure mais se retrouve aussitôt dans le noir. Voilà la fin après à peine une heure de concert, le rappel ne nous laissant qu’une chanson, reprise de « The Stars ». Le groupe ne se montrera plus malgré les acclamations d’un public sur sa fin. Et pour cause, sans première partie le concert s’achève alors que la température commençait à peine à monter. Partagés entre la déception et l’envoûtement de quelques airs qui sifflent encore dans nos oreilles, nous ne pouvons que rentrer chez nous avec encore trop d’appétit à la bouche et une petite question en tête : qu’aurait fait « These New Puritans » ?

décembre 26, 2009

Vic Chesnutt ira faire pleurer les anges

Posted in Actualité, Musique tagged , , , à 5:31 par chucky333

C’est son amie, Kristin Hersh, qui l’annonce sur son Twitter, Vic Chesnutt nous a quitté cette nuit. Il ne s’est pas réveillé de son coma dans lequel une énième et ultime tentative de suicide l’avait plongé hier, jour de Noël.

Cet incroyable artiste dépressif laisse derrière lui une quinzaine d’albums noirs de spleen et de douleurs. Son suicide ressemble presque à une conclusion fatale et inévitable d’un état d’esprit abyssal qui a produit encore cette année deux albums flippants par leur violence émotionelle. Il arrivera sans nul doute à faire pleurer les anges…

décembre 16, 2009

TOP 20 des albums de 2009 : dernière partie, de 5 à 1.

Posted in Musique tagged , , , , , , , , , , , , , , , , à 12:58 par chucky333

5. Megafaun – Gather, Form & Fly (Hometapes)

Le groupe Megafaun a bien plus que son nom d’original : sa musique est tout autant fantaisiste. Imaginez donc, 3 hommes bien portants et bien poilus tout droit venus de la Caroline du Nord. Imaginez-les ensuite montant un groupe de folk dans la pure tradition américaine.  Le cliché est parfait.

Mais bien au-delà, on remarque que dans l’album de ces trois zigotos (Gather, Form & Fly), l’ambiance est bien plus originale. Passant de la country la plus fondamentaliste à l’expérimental atmosphérique sans peine, le trio surprend par cette ligne de fond étonannte qui traverse tout l’album et qui nous traverse de fond en comble. On succombe. Megafaun parvient à nous faire voyager dans des univers imprévisibles, faisant tomber la pluie après une danse que nous pouvons presque percevoir, appelant les ancêtres d’une forêt hantée, faisant crisser des cordes magiques. L’atmosphère de Gather Form & Fly touche à l’essentiel : l’aventure et l’évasion.

(Chronique reprise d’une précédente : https://chucky333.wordpress.com/2009/11/18/megafaun-gather-form-fly-tombe-la-pluie-tombe/ )

4. Animal Collective – Merriweather Post Pavilion (Domino)

Le dernier album de Animal Collective, sorti en début d’année, fut déjà annoncé des mois à l’avance et créa cette sorte d’attente parfois à la limite du ridicule et qui se finit le plus souvent par de terribles déceptions. Ce ne fut pas le cas. « Merriweather Post Pavilion » est un peu l’aboutissement du groupe, l’étendard de tout ce qui a été accompli, comme un grand panier dans lequel il a été inséré tout ce que le groupe avait pu trouver sur sa route.

Cette route n’a rien de commun, n’a rien de terrestre ou d’humain. Le son d’Animal Collective semble parfois extraterrestre ou amphibie. Un voyage au milieu de bulles aquatiques et électriques vers une cité d’animaux étranges aux voix tant gémissantes qu’entraînantes : les sirènes d’Ulysse. Le titre « My Girls », extrait de cet opus, résume à lui seul tout ceci par sa puissance auditive faite de synth-pop, de chœurs d’échos et de percussions assourdissantes.  Là où Animal Collective semble, pour certaines personnes, inaudible et dissonant, « Merriweather Post Pavilion » retentit pour les autres comme un chef-d’œuvre de la musique de cette fin de décennie.

3. The Antlers – Hospice (Frenchkiss)

Alors que jusqu’ici on a énormément parlé de voyages, d’évasion, de danses de la pluie, d’animaux féériques, … voici l’antithèse. Disons le tout de suite, « Hospice » est un album à faire chialer. The Antlers a ce don de briller dans les ténèbres de l’accablement et du désespoir. Peter Silberman, chanteur et fondateur du groupe, va jusqu’à poser ses lèvres à même le micro lorsqu’il murmure pour que, de fait, chacune des syllabes se fasse entendre comme dans le creux de l’oreille. Mais qu’on ne s’y trompe pas, « Hospice » n’a rien de tendre et doux. Car si l’on entre dans l’album sur une mélodie au piano et une voix mielleuse, les percussions et la guitare ont vite fait d’exploser tout ça à coups de sons saturés et chaotiques et de la voix de Peter Silberman qui éclos, papillon magique d’une chenille noire. Ce à quoi se joignent de temps à autres banjo et trompette dans un requiem ahurissant.

« Hospice » est un long tunnel au bout duquel la lumière est aveuglante, à l’instar de certains titres bien moins mélancolique mais tout aussi jouissifs qui amènent à un « Epilogue » plein d’espoir et de splendeur.

2. Fever  Ray – Fever Ray (Rabid)

Les mots manquent à l’appel face à cette étrange réalisation. Que se passe t-il donc dans la tête de la Suédoise Karin Dreijer Andersson (The Knife) pour nous assourdir d’aussi ténébreuses compositions ?

Et pourtant, l’envoûtement est total, la drogue vous prend par les oreilles et vous entraîne dans d’incroyables hallucinations auditives. « Fever Ray » évoque d’anciens comptes africains, des sonorités noires, des effluves d’une Asie ancienne et disparue. C’est un mélange troublant, une alchimie de cendres qui a l’odeur du givre, des nuits terrifiantes. Dieu, qu’il fait froid, quand est-ce que la pluie s’arrêtera ? Les frissons perdurent, les ténèbres vous enveloppent et vous restez scotchés face à cette musique inqualifiable tant elle trouble par son caractère tribal, son animosité, ses cérémonies mortuaires, ses évocations cauchemardesques.

Fever Ray a certes de quoi rendre perplexe, mais a surtout de quoi marquer les esprits par une œuvre éblouissante.

(Chronique reprise en grosse partie d’une précédente : https://chucky333.wordpress.com/2009/11/28/fever-ray-un-glacier-cauchemardesque/ )

1. The xx – Self-titled (Young Turks)

On pourrait penser que la première place de ce type de classement est la plus facile à attribuer. Celle qui revient à l’album le plus écouté durant l’année, celui qui n’a jamais été supprimé du lecteur mp3, celui qui se réécoute encore tous les jours sans jamais lasser. Mais en fait, non, c’est bien plus complexe que ça. The xx a failli ne pas se retrouver à cette place à cause surtout de la « hype facile » dont il fait preuve. Cependant, au final, aucuns autres albums ne semblaient pouvoir lui ravir cette première place.

Au-delà des controverses donc quant à cet album, The xx a su développer un son qui leur est propre d’une incroyable lenteur,  d’un tempo torturé, d’une musicalité des plus minimalistes et pourtant des plus hypnotiques. Ce groupe londonien formé de quatre de jeunots d’une vingtaine d’années a pondu avec le premier album un petit ovni. On appelle ça de la « pop atmosphérique » mais entre nous, on peut l’avouer, ça ne veut rien dire. The xx est indéfinissable et commence déjà à conquérir l’Europe par sa bande son étrange et surprenante. Ce qui est sûr, c’est que j’ai également craqué. Et je dis ça fièrement, mes places de concerts sous les yeux faisant fi de ce que l’on peut en dire.

(Chronique inspirée d’une précédente  : https://chucky333.wordpress.com/2009/11/15/the-xx-lhypnotique-jeunesse-londonienne/ )

Epilogue

Après ces quelques semaines de déboires musicales, quel intérêt au fond à un TOP 20 ? Parce qu’au final si je devais le refaire aujourd’hui ce classement, il n’aurait déjà plus tout à fait la même forme. Cela dépend des humeurs, du contingent (hum…). Mais puisque tout n’est qu’éphémère, ce classement le sera. Qui sait s’il s’étendra dans le (votre) temps par je l’espère, des découvertes fortuites, des écoutes marquantes. À l’année prochaine ?

Mentions honorables :

Oui, parce que, tout de même… (dans un ordre aléatoire)

– The Dead Weather : Horehound

– Bat For Lashes : Two Suns

– The Very Best : Warm Heart Of Africa

– Dead Man’s Bones : Dead Man’s Bones

– Yacht : See Mystery Lights

– Sunset Rubdown : Dragonslayer

– Real Estate : Real Estate

– Wild Beasts – Two Dancers

– Andrew Bird : Noble Beast

– St. Vincent : Actor

– Rodrigo Y Gabriela : 11-11

– Why : Eskimo Snow

– Tom Waits – Glitter And Doom (Live)

– The Flaming Lips : Embryonic

– Oxmo Puccino – L’arme de paix

– … (J’en oublie sûrement).

décembre 12, 2009

TOP 20 des albums de 2009 : troisième partie, de 10 à 6

Posted in Musique tagged , , , , , , , à 12:40 par chucky333

Suite du classement :

10. Le Loup – Family (Talitres)

Il faut le savoir : je déteste comparer un groupe à un autre. Mais tout de même, Le Loup a la dégaine d’un renard de chez Fleet Foxes.  « Family » est un album aérien, sur la canopée d’une forêt grouillante de canidés. Guitare, banjo, mandoline, ukulélé et percussions minimalistes s’entremêlent dans des harmonies somptueuses dominées par des voix aux allures grégoriennes. Le tout est bouillonnant d’esthétisme avec un goût d’Afrique et un zeste d’Asie. Les influences tribales de ces incantations font réveiller le charme d’un « Loup », vif, agile et intouchable.

9. Grizzly Bear – Veckatimest (Warp)

Si Veckatimest devait être la bande son d’un film, ce serait sans nul doute un film d’animation fantastique et magique où une forêt serait hantée de drôles de créatures. À l’instar peut-être du clip réalisé pour le titre « Ready, Able », à la fois étrange et sublime. Voilà sûrement la meilleure définition de la musique de Grizzly Bear. Si à priori rien de vraiment novateur surgit de ce 4ème opus, les ours font rugir de plus belle des compositions envoûtantes d’instrumentalisations pas toujours si ordinaires que ça. Veckatimest est une montagne russe qui sait trouver l’équilibre entre force et douceur. Et quand les chœurs et tambours montent, la chute est vertigineuse. Les voix de chorale du quatuor bercent comme elles rugissent. Les ours savent brouiller les pistes et faire peser le mystère. À nous de ne pas nous perdre sur les sentiers étranges de ce sublime album.

8. Mumford & Sons – Sigh No More (Island Records)

Mumford & Sons avait déjà su créer la sensation grâce à deux EP sortis l’année passée. Prometteurs tant ils étaient trop courts. Les titres avaient la carrure de ceux du groupe et amis Noah And The Whale, gracieux, enjoué et véritablement symphoniques. De plus Marcus Mumford, chanteur principal du groupe a cette voix comparable à celle de Charlie Fink, marquante dans ses premières syllabes, touchantes dans ses moindres murmures. Dans la même veine carrément folk, « Sigh No More » sait dompter les banjos, les guitares, les dobros, les claviers pour les associer à des riffs parfois très rocks. Sans nul doute qu’après seulement 2 ans d’expérience Mumford & Sons a encore beaucoup à prouver, mais on les attend avec impatience !

Un peu plus ici : https://chucky333.wordpress.com/2009/11/07/le-temps-d’une-chanson-nous-nous-aimions/

7. Dirty Projectors – Bitte Orca (Domino)

Certes, je suis parfois, moi aussi, victime de la boboïsation pitchforkienne, ce cette foutue manie de faire de certains albums de hype tendance un objet de convoitise. Vous ne comprenez rien à ce que je dis ? Ce n’est pas grave, tant mieux.

Ce qu’il faut savoir c’est que « Bitte Orca » et le groupe Dirty Projectors dans l’ensemble sont l’objet de discordes, les avis divergent. Rien que la voix de Dave Longstreth semblerait filer la nausée à pas mal de gens. Du coup, ces derniers s’esclaffent devant un tel emballement pour ce dernier album. Et pourquoi moi, ai-je donc cédé à la hype ?

D’abord, Dirty Projectors ne s’expliquent pas, ils s’écoutent. Leur musique semble être le confluent d’influences les plus diverses, de la pop des années 80 en passant par le folk, rock et même l’opéra. « Bitte Orca » mélange dans un grand shaker toutes ces petites voix, ces mélodies psychédéliques pour en ressortir des kaléidoscopes multicolores et explosifs. Ensuite, par son éclectisme, « Bitte Orca » peut vous faire passer par tous les sentiments possibles et peut par convergence s’écouter dans toutes les situations imaginables. Cet opus représente le multi-usage dans son principe robotique et se découvre encore de nouvelles fonctions aussi bien qu’on lui découvre de nouveaux charmes à chaque écoute. Polémiquez-donc…

6. Volcano Choir – Unmap (Jagjaguwar)

Qu’arrive t-il à notre barbu préféré (quoique la concurrence est rude) ? Justin Vernon, alias Bon Iver, troque ici sa chemise de bûcheron et son folk ténébreux pour devenir cet artisan musical « touche-à-tout » expérimentaliste. Et pour, une nouvelle fois, nous prouver son génie. Sa voix se multiplie interminablement pour résonner contre une machinerie bien huilée. Ça sonne, ça grésille, pendant que deux notes suffisent à installer une ambiance des plus particulières. Laquelle ? Indescriptible. Peut-être même que ce nouveau projet Volcano Choir  laissera perplexe la plupart des assidus de Bon Iver. Car « Unmap » est aux antipodes du folk épuré du chef d’œuvre « For Emma, Forever Ago ». « Unmap » est plutôt complexe, torturé, enchevêtré de mélodies conceptuelles. La voix d’ange apocalyptique de Justin Vernon se colle néanmoins tout aussi magnifiquement à ce projet audacieux et réussi. Avis aux amateurs de nouvelles sensations musicales.

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La suite et fin dans quelques jours.

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